“Ce confinement a été l’occasion pour moi de vivre à la française pendant deux mois” Claudia MELENDEZ, volontaire péruvienne à La Ville Davy

Arrivée en novembre 2019 de Lima au Pérou pour un volontariat de 8 mois au sein de La Ville Davy, Claudia nous parle de son expérience auprès des élèves (avant et pendant le confinement), de ses découvertes et de ce qui l’attend à son retour chez elle à la fin du mois de juin. Ce volontariat est proposé par le programme SC VIR (Service civique – Volontaire international de réciprocité) mis en place par la FNOGEC et France Volontaire. Avec ce dispositif, des jeunes étrangers peuvent bénéficier d’un service civique comme un jeune Français.

Avant ton arrivée en France, que faisais-tu au Pérou ?
Après avoir obtenu une Licence pour travailler dans les administrations, j’ai travaillé pendant quelques mois dans une entreprise qui proposait des assurances pour les voyageurs.

Pourquoi es-tu venue en France ?
J’étais Scout au Pérou et un coordinateur de projet a évoqué la possibilité de faire un volontariat dans un pays étranger, ça m’a tout de suite enthousiasmé et j’ai postulé. Cette proposition était une réelle opportunité pour moi puisque depuis quelques temps déjà, j’avais très envie de partir en Europe. Grâce à ce volontariat, j’ai pu visiter plusieurs villes comme Paris, Lyon, Genève, Turin… et aussi des villes bretonnes comme Perros-Guirec, Saint-Malo, Dinard… avec un détour pour voir le Mont Saint-Michel.

Quelles sont tes missions en tant que volontaire à La Ville Davy ?
Je suis souvent en cours avec les professeurs d’anglais ou d’espagnol. Je propose des activités aux élèves pour qu’ils découvrent la culture péruvienne et qu’ils s’intéressent à d’autres pays ou cultures. En dehors des heures de cours, j’organise aussi des moments d’échanges en anglais ou en espagnol les midis et le mercredi après-midi pour les collégiens. Je mets en place des jeux pour qu’ils prennent confiance quand ils s’expriment dans une autre langue. Les CAPa MA (Métiers de l’agriculture) ont voulu apprendre l’espagnol alors qu’ils n’ont pas de deuxième langue en classe, je pense que ça les intéressait vraiment puisqu’on a continué à distance pendant le confinement.

Quelles sont tes relations avec les élèves de La Ville Davy ?
Au début c’était assez compliqué pour se comprendre, j’ai étudié le français seulement 5 mois avant mon arrivée, je manquais de pratique et les élèves parlaient très peu anglais avec moi. Mais, au fur et à mesure, ils m’ont aidé à améliorer mon français, surtout les élèves de Seconde Générale et de Terminale STAV car j’étais en cours principalement avec eux.

Quelles différences existe-t-il entre le système scolaire péruvien et français ?
En France, dès ses 15 ans, il est possible de s’orienter vers l’agriculture, les services, etc. en CAP ou en Bac professionnel, je trouve ça vraiment bien. Au Pérou, ce n’est pas possible, jusqu’à leurs 17 ans, tous les péruviens suivent les mêmes cours à l’école. Par contre, les journées à l’école sont vraiment longues en France. Au Pérou, ça n’est pas le cas, par exemple, la pause du midi ne dure que 30 minutes, ça permet de finir les cours en milieu d’après-midi et ensuite de faire d’autres activités. Le système est vraiment différent, nous n’avons pas non plus d’internat et les cantines sont très rares dans les écoles.

Cours d’espagnol en visioconférence avec les CAPa MA

Comment as-tu pu poursuivre tes missions de volontaire pendant le confinement ?
Au début ce n’était pas clair pour moi, surtout la première semaine. Tout a été très vite et des projets ont été rapidement arrêtés comme celui sur l’élaboration d’un journal avec les collégiens sur le thème du Pérou. Mais, avec les professeurs de langue, nous avons réussi à organiser des visioconférences pour maintenir le lien. J’organisais toujours des échanges avec des élèves volontaires, mais à distance et ça s’est bien passé.

Au-delà de ton volontariat, comment as-tu vécu ce confinement ?
Quelques jours avant le confinement, je me trouvais à Paris, ma famille était très inquiète pour moi car le nombre de cas augmentait très vite en France. J’ai pu rentrer à Quessoy et Diane, une éducatrice de nuit à La Ville Davy m’a proposé de passer le confinement dans sa famille. Ce confinement a été l’occasion pour moi de vivre à la française pendant deux mois, c’était vraiment une chance puisque j’ai pu travailler mon français tous les jours, on a passé des bons moments ensemble. J’ai aussi apprécié le fait de me balader dans la nature, d’aller courir, de profiter de ces grands espaces verts ce qu’il n’y a pas à Lima, ça va vraiment me manquer. Mais, je suis aussi impatiente de pourvoir vivre en ville à mon retour au Pérou.

Justement, que vas-tu faire en rentrant ?
A cause de la situation sanitaire, mon départ a été avancé d’une dizaine de jours, j’ai un billet retour pour le 24 juin, c’est un vol de rapatriement vers le Pérou. A mon arrivée je vais devoir passer 14 jours en quarantaine chez moi. Je pense ensuite chercher du travail en lien avec les ressources humaines ou avec la responsabilité sociétale des entreprises, même si je sais que ça ne sera pas facile de trouver un emploi rapidement vu la situation sanitaire et économique.

Après ce volontariat à des milliers de kilomètres de chez toi, qu’est ce qui a changé pour toi  ?
Arriver dans un pays inconnu, se confronter à une nouvelle culture, avoir son propre logement… toutes ces choses m’ont permis de gagner en autonomie, en indépendance. Je sens que j’ai vraiment pris confiance en moi, j’arrive à plus m’affirmer désormais, ça sera vraiment un atout pour trouver du travail au Pérou.

Merci pour ta présence parmi nous Claudia, bon retour au Pérou et peut-être à bientôt en Bretagne !