Du bureau aux bottes : le parcours de reconversion de Samuel Sardin

Rencontre avec Samuel SARDIN, fraichement installé au Minihic sur Rance (35). Après une reconversion professionnelle dans l’agriculture, il a créé le Jardin des sardines. Un petit chemin empierré, longeant une parcelle bordée par une vigne qui commence à se développer, des jeunes arbres fruitiers, des planches de légumes bien alignées, et 2 serres tout juste installées, voilà le nouveau cadre de travail que s’est construit Samuel, un ancien directeur d’usine dans le domaine de la sécurité alimentaire, aujourd’hui maraîcher bio.

Un projet né d’une quête de sens
Depuis longtemps, Samuel envisageait de changer de voie professionnelle. « Je voulais quelque chose qui me fera plaisir et qui aurait du sens ». Le déclic vient d’un livre qu’on lui a offert, puis d’une série de recherches sur la permaculture et le maraîchage sur petites surfaces. Très vite, l’envie se transforme en projet concret. Samuel se renseigne sur les formations, et découvre alors le BP REA (Responsable d’Entreprise Agricole) orientation maraîchage biologique, une formation professionnalisante dispensée à La Ville Davy à Quessoy. Il dépose une demande de financement via le CPF (Compte Personnel de Formation), malheureusement refusée. Déterminé, il démissionne et bénéficie du programme Qualif Emploi de la région Bretagne. « Le fait que la région prenne en charge la formation est un vrai plus, c’est rassurant, et ça m’a incité à me lancer dans ce projet de reconversion ».

Le BPREA : une formation complète et professionnalisante
Au pôle apprentissage et formation continue de La Ville Davy, Samuel acquiert bien plus que des compétences techniques. Il se forge un réseau, découvre différentes exploitations lors des visites et stages, et les compare. Il affine son projet personnel. « Tous les modules de formations m’ont été utiles. Par exemple, j’ai pu réaliser mon plan de culture en m’inspirant d’un logiciel découvert en cours ». Le BP REA est l’occasion pour Samuel de se projeter sur son propre projet, d’imaginer ses planches de légumes, ses canaux de commercialisation, d’estimer son chiffre d’affaires… et surtout de passer à l’action.

Une installation méthodique et ancrée dans la biodiversité
En novembre 2023, une fois son diplôme en poche, Samuel acquiert, via la SAFER, une parcelle de 1,4 hectare. S’ensuit une série d’aménagements : préparation de la terre, semis d’une prairie permanente, création de 4 mares et de haies sèches pour favoriser la biodiversité et les pollinisateurs, clôture pour protéger des chevreuils et sangliers, mise en place de 10 zones de cultures entrecoupées d’arbres fruitiers. L’installation de deux serres a eu lieu en début d’année ; sans oublier le forage, et l’irrigation car Samuel se rend compte de l’importance d’optimiser son temps mais aussi de faciliter le travail. Il s’équipe aussi d’un tracteur, pour faciliter les travaux de préparation du sol.

Une production diversifiée et ancrée localement
Pour cette première année de production il a fait le choix d’acheter ses plants chez des producteurs rencontrés pendant la formation : « La commande des plants est à faire avant le 20 décembre pour des plants fournis jusqu’en juillet » Il faut donc anticiper et c’est ce qu’il a fait avec un assolement pensé pour une dizaine d’années et diversifier son activité avec la mise en place de deux poulaillers mobiles et l’accueil de poules pondeuses. Aujourd’hui, les ventes du Jardin des sardines se font en circuit court via son site internet avec livraisons locales, auprès d’une AMAP et d’un restaurateur : « ma seule problématique jusque-là c’est d’avoir suffisamment de produits à proposer ! Je développe ma clientèle au fil des récoltes ».

Un bilan positif et inspirant
Ce qu’il apprécie le plus dans ses nouvelles activités ? « Travailler dehors, être libre dans mes décisions, produire de la nourriture saine et locale en préservant la nature et l’environnement » Ce qu’il apprécie le moins ? Les aléas climatiques. À 54 ans, certains le disent un peu fou. Mais pour Samuel, c’est une évidence : « Créer tout de A à Z, c’est un énorme défi… mais ça en vaut la peine ».