Les changements climatiques et l’agriculture bretonne.

En décembre 2015 la COP 21 aboutissait à un objectif de réduction par 4 des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2050 afin de maintenir l’augmentation de la température moyenne planétaire en dessous de 2°C. Il reste donc pour chaque pays signataire et pour chaque secteur d’activités à mettre en œuvre les mesures qui permettront d’atteindre ces objectifs. Comment l’agriculture peut-elle participer à la réduction des GES et s’adapter aux évolutions climatiques ? C’est sur ces questions que le public présent à la conférence-débat proposée lundi 30 mai par le lycée de la Ville Davy a été amené à réfléchir. Laurent Labeyrie climatologue, membre du GIEC, a rappelé que le climat a toujours naturellement changé. Cependant depuis 1980 les climatologues nous alertent sur « l’emballement de la machine climatique » étroitement liée à la libération du CO2 stocké depuis des millions d’années dans les combustibles fossiles. Si les émissions se poursuivent au rythme actuel, l’augmentation atteindra plus de 5 à 6 °C en 2100 ! La Bretagne reste une région favorisée, climatisée par l’Atlantique Nord, elle sera probablement amenée à devenir Terre d’asile pour d’autres populations moins chanceuses.

Laurence Ligneau de la Chambre Régionale d’Agriculture a souligné que, pour la Bretagne, 45 % des émissions de GES sont liées aux activités agricoles, pêche et forêt. Outre le CO2, l’activité agricole émet deux autres GES le méthane (CH4) qui résulte de l’élevage bovin et des processus de fermentations et le protoxyde d’azote (N2O) lié au cycle de l’azote. Il est difficile d’agir sur les émissions de ces deux gaz c’est pourquoi la Bretagne s’est engagée à réduire seulement de 50% les émissions de GES d’ici 2050. Les consommateurs peuvent participer à cette réduction en limitant le gaspillage alimentaire, en choisissant des produits qui ont moins d’impact carbone, en améliorant l’équilibre végétal – viande de leur alimentation. Yannick Le Bars éleveur laitier à Plouha et maire de Lanloup a présenté les actions qu’il a réalisées sur son exploitation, tout en conservant comme objectif une amélioration de ses revenus :

  • Replanter des haies bocagères qui participent non seulement au pompage du CO2 mais aussi et qui favorisent les auxiliaires ce qui permet de diminuer l’utilisation des insecticides.
  • Diminuer les intrants dont la fabrication est émettrice de CO2
  • Etre autonome pour l’alimentation des vaches en produisant du tourteau de colza car l’approvisionnement en protéines de régions plus impactées par le réchauffement risque de devenir problématique
  • Conserver la matière organique des sols véritable stockage du carbone.
  • Economiser l’énergie (pré refroidissement du lait, …) et développer les énergies renouvelables

Bien que favorisée, la Bretagne doit dès aujourd’hui faire face à des anomalies climatiques : augmentation des vagues de chaleur et des périodes de sécheresse, diminution des périodes de froid en hiver, incertitude sur les précipitations, tempêtes, … Les évolutions climatiques ont des répercussions sur les productions. Elles modifient les aires de répartition ou les cycles de vie des ravageurs, les dates de semis ou de récolte, les dates de mises à l’herbe… Après avoir dû assurer la sécurité alimentaire puis répondre au problème des nitrates et pesticides, les agriculteurs vont devoir faire face à ces nouveaux défis liés au climat : réduire les GES et s’adapter aux modifications climatiques.